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l’amant. Odeur préférée : lilas blanc. Dans sa commode, deux caleçons en soie bleu ciel, quatre paires de chaussettes en soie idem. » Nous sommes d’accord, Thomas le Bouc ?

Thomas le considérait d’un œil ahuri.

— Je continue, dit Raoul. « Le dénommé Thomas Le Bouc était le frère du rapin Simon Lorient, et tous deux étaient les fils du vieux Barthélemy, le cambrioleur de l’Orangerie. »

Thomas Le Bouc se dressa.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? En voilà des ragots !

— Des vérités, que la police confirmera dans la perquisition qu’elle ne tardera pas à faire, soit à ton domicile, soit chez ta charcutière, soit au Zanzi-Bar dont tu es un assidu.

— Et après ? s’écria Le Bouc qui tâchait de crâner encore, malgré son désarroi. Après ? Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? T’imagines-tu qu’il y ait là de quoi me condamner ?

— Il y a de quoi te coffrer, tout au moins.

— En même temps que toi, alors !

— Non, car tout ça, ce n’est que la partie superficielle et insignifiante du casier judiciaire que je t’ai préparé pour la justice, et que nous laisserons sur cette table jusqu’à l’arrivée de l’inspecteur principal Goussot. Mais il y a mieux.

— Quoi ? demanda Le Bouc, d’une voix mal assurée.

— Il y a ta vie secrète… il y a certains détails… certains actes que tu as commis… et vers lesquels il me sera facile d’aiguiller la police. J’ai tous les éléments.

Thomas Le Bouc manipulait son revolver d’une main crispée. Il reculait peu à peu vers la porte-fenêtre qui donnait sur le jardin, près du garage. Et il bredouillait :

— Des bobards !… Des trucs à la Lupin… Pas un mot de vrai. Pas une preuve.

Raoul s’approcha de lui, et, cordialement :

— Laisse donc ton browning… Et ne cherche pas à t’enfuir… On ne se querelle pas ! On cause. Et nous avons encore quinze bonnes minutes. Écoute. C’est vrai, je n’ai pas encore eu le temps de réunir de véritables preuves. Mais ce sera un jeu pour Goussot et ses collègues d’en découvrir. Et puis, il y a quelque chose de nouveau. Hein ? Tu devines à quoi je fais allusion ? Trois jours seulement… Et ce n’est fichtre pas une peccadille !

Thomas Le Bouc blêmit. Le crime était trop récent pour qu’il n’en gardât pas le souvenir épouvanté. Et Raoul précisa :

— Tu ne l’as pas oublié, ce brave garçon qu’on nommait le Gentleman et que l’agence qui l’employait avait chargé d’une enquête pour moi ? Or, comment se fait-il que tu aies pris sa place pour venir ici ?

— C’est sur sa demande…

— Ce n’est pas vrai. J’ai téléphoné à l’agence. On ne l’a pas vu depuis plusieurs jours… Tiens, depuis dimanche soir… Alors, je me suis mis en chasse, et j’ai abouti au Zanzi-Bar, ton quartier général. Le dimanche, dans la nuit, vous êtes sortis ensemble, fort éméchés. Depuis, pas de nouvelles.

— Ça ne prouve pas…

— Si. Deux témoins t’ont rencontré sur le quai, en sa compagnie.

— Et après ?

— Après ? on vous a entendus, le long de la Seine… Vous vous battiez… Le type a crié au secours… Ces témoins, j’ai leurs noms…

Le Bouc ne protesta pas. Il aurait