Page:Leblanc - La Femme aux deux sourires, paru dans Le Journal, 1932.djvu/32

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— Couic ! c’est comme des menottes aux poignets, ça, hein ? Dis donc, grand Paul, vous n’êtes pas de première dans ta bande. Quels veaux que tes complices ! Une chiquenaude, et ça détale. Seulement, c’est pas tout ça, faut que je voie ta gueule en pleine lumière.

L’autre se débattait, stupéfait de sa faiblesse et de son impuissance. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à se débarrasser de ces deux étreintes qui l’enchaînaient comme des anneaux de fer, et qui le faisaient souffrir au point qu’il avait du mal à se tenir debout.

— Allons, plaisantait Raoul… montre ta binette au monsieur… et pas de grimaces, que je voie si je te connais… Eh bien, quoi, mon vieux, tu rouspètes ? Tu refuses de suivre le mouvement ?

Il le faisait pivoter doucement, comme une masse trop lourde, mais qu’on déplace par petites saccades. Ainsi, qu’il le voulût ou non, le grand Paul tournait d’un côté où le jet de lumière électrique tombait plus précis.

Un effort encore, et Raoul atteignit son but. Il s’exclama, véritablement ahuri en voyant le visage de l’homme :

— Valthex !

Et il répéta, avec des éclats de rire :

— Valthex !… Valthex !… Eh bien, vrai, si je m’attendais à celle-là ! Alors, Valthex, c’est le grand Paul ? et le grand Paul, c’est Valthex ? Valthex porte un veston de bonne coupe et un chapeau melon. Paul, un pantalon en tire-bouchon et une casquette. Dieu ! que c’est rigolo ! Tu cultives le marquis et tu es chef de bande.

Furieux, le grand Paul gronda :

— Moi aussi, je te connais… tu es le type de l’entresol…

— Mais oui… M. Raoul… pour te servir. Et nous voilà tous deux dans