Raoul attendit. Mais, cette fois, l’indécision du marquis ne fut pas longue. Il déclara :
— Je ne sais rien… je ne peux rien dire.
Raoul se leva.
— Soit. Je me débrouillerai tout seul. Ce sera plus long. Il y aura du tirage, peut-être de la casse, comme on dit. Vous l’aurez voulu. Quand partez-vous d’ici, monsieur ?
— Demain, en auto, à huit heures.
— Bien. J’estime que Gorgeret ne pourra guère se libérer que pour sauter dans le train de dix heures du matin, à Vichy. Donc, rien à craindre pour le moment, si vous faites en sorte que la gardienne du château ne donne à Gorgeret aucun renseignement sur mademoiselle et sur vous. Vous resterez à Paris ?
— Une nuit seulement, et je m’absente pour trois semaines environ.
— Trois semaines ? Donnons-nous rendez-vous dans vingt-cinq jours, le mercredi trois juillet, sur le banc de la terrasse, devant le château, à quatre heures. Cela vous convient ?
— Oui, fit d’Erlemont. Je réfléchirai d’ici là.
— À quoi ?
— À vos révélations et à ce que vous me proposez.
Raoul se mit à rire.
— Il sera trop tard, monsieur.
— Trop tard ?
— Dame ! je n’ai pas beaucoup de temps à donner à l’affaire d’Erlemont. Dans vingt-cinq jours, tout sera réglé.
— Qu’est-ce qui sera réglé ?
— L’affaire Jean d’Erlemont. Le trois juillet, à quatre heures, je vous apporterai la vérité sur le drame et sur toutes les énigmes qui le compliquent. Et je vous apporterai également l’héritage de votre grand-père maternel… ce qui permettra à mademoiselle, pour peu qu’elle en ait envie, et moyennant la simple restitution du chèque que j’ai signé tout à l’heure, de conserver et d’habiter ce château qui semble tellement lui plaire.