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CHAPITRE VI

HÔTEL COMMODORE. — LES JOURNALISTES ET L’AMOUR. — POITRINE ALLÉGORIQUE. — PURITANISME ET MIRACLES. — UN MAÎTRE EN VIBRATIONS.



La lutte recommença dans un cadre différent. J’avais aperçu un jour l’étonnant capharnaüm que l’on appelle Commodore Hôtel, le plus nouveau à cette époque. Mille chambres, autant de salles de bain. On nous proposa au 21e étage une chambre faisant salon avec deux petits lits cachés dans une alcôve. Traverser le hall, trouver l’ascenseur du 21e fut un voyage. Ce hall semblait un village artificiel. Face à face, des petites boutiques formaient de longues avenues. De grands palmiers dans des baquets vernis accompagnaient ces routes de velours sans air ni ciel. Du Congolais à l’Esquimau on coudoyait toutes les races dans ce pays de soie et de canapés en peluche. Un bruit de ruche géante, toutes les voix se dépassent pour s’entendre. Aussi, tant de cigares, tant de cigarettes en action, que notre passage déchirait une atmosphère opaque.

La chambre avec son immense fenêtre enchanta mes poumons. Rien n’en bornait la vue sur un champ de toits et de cheminées. Mais tant de clarté nécessitait des fleurs… De nos cinq cents dollars, après nos dettes payées, il n’en restait que cent