Page:Leblanc - La Peur du vertige, paru dans Candide, 1925.djvu/11

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Elle fit, la voix plus basse encore :

— Mon nom ? Marceline.

« Le silence fut pénible entre nous. Elle ne me quittait pas des yeux, épiant sur mon visage l’éclair d’un souvenir que je ne parvenais pas à susciter en moi.

— Vous m’excuserez, madame, lui dis-je, de plus en plus gêné… Mais je crains qu’il n’y ait un malentendu…

« En vérité je ne savais que penser. J’imaginais la visite de quelque ancienne amie, dont j’aurais, hélas ! oublié la tendresse, et qu’en cet instant je blessais par une indifférence injurieuse. Mais elle dit lentement :

— Il n’y a pas de malentendu. Vous vous nommez Paul Vérange. Je ne m’étonne pas que mon nom et ma figure ne vous rappellent rien. Aussi le but de ma visite n’était pas de tenter une épreuve inutile, mais de vous dire des choses qui vous sont personnelles, qui ne concernent que vous, Paul Vérange… et que moi.

« Alors, les paupières obstinément closes, le buste rigide, la face dure, avec un accent où il était impossible de ne pas sentir de l’hostilité, elle prononça :

— Je suis venue pour vous parler du soir de Guérande…