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Page:Leblanc - La Peur du vertige, paru dans Candide, 1925.djvu/19

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marque bien qu’elle n’interrogeait pas. Elle affirmait des faits, et pensait si peu qu’on pût les contester, qu’elle poursuivait déjà :

— Je vis encore là-bas, monsieur, dans cette même maison, que je n’ai pas voulu quitter. C’était là, où j’avais succombé, qu’il fallait, parmi les remords et le deuil, me racheter, expier le mal, et trouver l’apaisement, J’y suis arrivée. À force de travail, j’ai reconquis l’estime de ceux qui m’entouraient, et j’ai pu faire de mon Stéphane, un grand garçon honnête, loyal, sérieux, instruit, qui m’a donné le bonheur et le calme que je n’espérais plus. Je lui ai révélé le secret de sa naissance, mais d’une façon qui ne lui permit pas de vous accuser. Il croit que les circonstances nous ont séparés malgré nous, mais que nous correspondons. Il vous aime. Il vous respecte. Il a lu toute votre œuvre. Il est fier de vous. Et le jour où il m’a dit que sa plus grande joie serait de vous connaître et de vous demander conseil, je n’ai pas pu refuser. Tel est le but de ma démarche, monsieur. Je ne vous ai jamais importuné, et je pensais qu’il en serait toujours ainsi. Mais peut-être jugerez-vous, après mes explications, que j’ai