Page:Leblanc - La Robe d’écailles roses, 1935.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
LA ROBE D’ÉCAILLES ROSES

insouciante, fantasque, cruelle souvent, mais loyale au fond et si faible !

Il lui dit :

« Commande ta robe, et sois la plus belle, ma Suzanne. Tu sais bien que je n’ai jamais rien su te refuser. »

Elle parut un peu surprise d’une victoire aussi rapide, et presque déçue en même temps, car elle avait accumulé pour la bataille toute une provision de forces et tout un système d’arguments qui lui restaient pour compte.

Alors elle se montra généreuse et affirma :

« Je m’arrangerai, du reste, pour que la dépense ne soit pas trop forte. Bien que défraîchie, ma robe d’écailles roses est encore très bien : j’ai l’intention de la vendre.

— Ah ! vous avez l’intention…

— Oui, on m’a indiqué une marchande à la toilette qui reprend les robes de bal à des prix très avantageux. Je suis sûre qu’elle me donnera trois ou quatre cents francs… peut-être plus… Vous verrez… laissez-moi faire. »

Jean la laissa faire, ce qui ne changea pas grand’-chose aux conditions habituelles de leur existence. Il la laissa commander sa tunique de perles, puis commander des souliers assortis à sa tunique, et des gants qui fussent en harmonie avec ses souliers, et un éven-