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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

« Vous… vous… murmura-t-elle. Oh ! je suis contente. Et M. Simare ?

— Rien non plus.

— Ah ! tant mieux. »

Il y eut un silence, puis elle prononça :

« Pourquoi avez-vous fait cela ? ce n’est pas bien.

— Une minute d’égarement.. Quand il est venu à moi, hier soir, j’ai eu un mouvement de haine irrésistible, et j’ai perdu la tête.

— Mais votre mère ?

— J’ai réussi à lui cacher la vérité jusqu’ici. Un de mes témoins s’est chargé de la prévenir.

— Allez-y, courez vite… elle va être si inquiète malgré tout… allez…

— Non. »

Il était si résolu qu’elle désespéra de le convaincre. Pourtant elle voulait qu’il partit. Alors elle le regarda en souriant.

« Je vous en prie,

— Soit, dit-il, mais venez aussi. »

Elle se leva, vaillante déjà, et, sur son désir de rentrer sans retard, il la conduisit par des sentiers de traverse où ils avaient peine à marcher de front. Mais tout de suite, leur pas se ralentit, et, trois fois en route, ils se reposèrent. Gilberte ne montrait plus aucune hâte. Que dirent-ils ? Rien que des paroles insignifiantes dont ils ne devaient point se souvenir. Cependant, en les prononçant, ils avaient l’impression de ne s’être jamais occupés de choses plus graves. Quelle importance peuvent acquérir subitement, au cours d’une promenade, la vue de deux initiales enlacées