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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

« Eh bien ? » dit Gilberte qui, certainement, était la moins émue.

Guillaume se décida et lut à haute voix :


« Mademoiselle,


« Ainsi que j’y comptais, le sieur Renaudeau ne s’est pas obstiné bien longtemps dans son mutisme et, sans plus tarder, il a raconté de l’histoire de monsieur votre père tout ce qui nous intéresse. Nous savons donc maintenant qu’à l’époque de son séjour en France… »

Guillaume s’arrêta. De nouveau il hésitait, et la lettre tomba de ses mains sur ses genoux.

Mme de la Vaudraye s’impatienta.

« À quoi penses-tu, mon fils ? »

Il répondit d’un ton songeur :

« Je pense que nous allons violer le secret de deux personnes qui avaient certes leurs raisons pour le garder avec tant de soin. C’étaient peut-être les enfants de deux familles rivales, des amoureux que les convenances séparaient et que leur cœur a rapprochés. Qui sait ! En tous cas ne trouvez-vous point que leur secret leur appartient, et qu’aucune raison ne nous autorise à le violer, nous ?

— Comment !

— Oh ! mère, dis-les donc les raisons que tu as, dis-les devant l’ange qui nous écoute ! Tu les traitais de niaiseries tout à l’heure ; sont-elles devenues plus graves maintenant ? Énumère-les, explique ta crainte de