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LA BELLE MADAME DE GIMEUSE

et du mouvement de curiosité que son arrivée provoquait jadis parmi les groupes.

Un monsieur de haute taille, aux moustaches grises, s’approcha et baisa la main de Mme Arnold. Celle-ci, que ses devoirs de maîtresse de maison réclamaient ailleurs, le retint.

« Vous voilà, romancier illustre. Eh bien ! mon cher Villeneuve, offrez donc votre bras à mon amie, Mme de… Mais suis-je bête ! J’allais vous présenter l’un à l’autre. Depuis le temps que vous vous connaissez !… »

Elle s’éloigna rapidement. Villeneuve eut une seconde d’hésitation tout en offrant son bras, et Diane lui dit :

« Avouez, monsieur, que vous ne me reconnaissez pas. »

Il répondit avec franchise :

« Je ne vous ai pas reconnue d’abord, en effet.

— Mes cheveux blancs, n’est-ce pas ? Cela me change beaucoup.

— Beaucoup, affirma-t-il. Vous êtes mieux encore.

— C’est gentil, dit-elle, mais, au fond, je ne vous en aurais pas voulu. Je n’ai eu le plaisir de vous rencontrer que trois ou quatre fois, et vous ne pouviez guère vous souvenir…

Ils s’assirent un peu à l’écart, dans un coin d’où ils voyaient danser les jeunes femmes et les jeunes gens. Diane se taisait, envahie d’impressions mélancoliques. Elle considérait ses anciennes rivales. Toutes celles-ci luttaient encore pour le charme des yeux, et Diane se demandait avec angoisse si elle n’aurait pas pu retar-