Page:Leblanc - La Robe d’écailles roses, 1935.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
L’ÉCOLE DU MENSONGE

son mari, avait été conduite à des actes que son caractère et son amour lui eussent sans doute interdits à jamais. De ces actes, la responsabilité absolue en revenait à Ludovic. Il était le vrai coupable : en violant la conscience de Diane, il l’avait contrainte au mensonge.

Il n’est pas d’être au monde, si loyal, si pur qu’il soit, qui puisse agir normalement sous les yeux d’un autre. Sincère au début, malgré lui il déviera, il usera de biais, d’artifices, il jouera de sa sincérité. C’est qu’il y a des choses, des idées dont nous ne devons compte à personne, et que nous avons le droit de tenir dans l’ombre, dans cette partie de nous-même qui est à nous, à nous seul, comme un sanctuaire impénétrable. Lorsque cela ne nous est pas possible, lorsqu’il nous faut, comme Diane, montrer à nu notre âme secrète, nous nous efforçons instinctivement de n’en montrer qu’une image infidèle. Obligée de se découvrir, Diane s’était fardée et rendue méconnaissable. Et de la sorte, instruite au mensonge, elle avait glissé à de plus graves fautes.

Des mois, des années s’écoulèrent. Elle résista vaillamment à l’esprit du mal. Souvent elle s’assit devant son bureau, décidée à tout écrire enfin sur le livre néfaste dont elle savait maintenant le rôle dangereux. Mais il était trop tard : le livre était devenu son complice.

Un soir, Ludovic y lut ces lignes :

« Journée vide et très occupée. Courses, visites. Comme je me suis ennuyée ! J’ai été sur le point d’aller au cercle et de demander Ludovic. Nous au-