Page:Leblanc - La bonne leçon, paru dans Gil Blas, 01-12-1896.djvu/7

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Il se tut. Quelle pitié j’avais de lui ! Quelle peur qu’on ne lui retirât son gagne-pain ! Et je songeais à la leçon de morale que mon oncle avait voulu me donner. Étrange leçon que j’avais reçue, bien lointaine du but proposé, leçon d’autant plus profonde, leçon de justice, de vérité, d’indulgence, d’infini pardon. Ah ! mon oncle pouvait bien chasser le bonhomme et déployer tout l’appareil de ses principes rigoureux, il n’en serait pas moins certain que j’avais pris ma première et ma meilleure leçon de vie réelle.

Mais il se passa ce fait anormal, que mon oncle Anthime saisit les mains du vieux, balbutia quelques mots incompréhensibles, et s’en alla rapidement, comme s’il eût voulu cacher quelque émotion secrète.


MAURICE LEBLANC


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