lieux, la forêt, le vallon, de vous épier de loin, et de vous voir trotter en hâte vers cette terrasse, et j’ai pu grimper ici et surprendre une silhouette qui s’éloignait. Un amoureux, n’est-ce pas ?
Il fit quelques pas en avant. Elle eut un haut-le-corps, et son buste toucha le treillage qui entourait le banc.
Il s’irrita :
— Eh la belle, j’imagine qu’on ne reculait pas ainsi tout à l’heure, quand l’amoureux s’occupait à vous caresser : Hein, quel est cet heureux personnage ? Un fiancé ? un amant plutôt. Allons, je vois que j’arrive tout juste pour défendre mon bien et empêcher la candide pensionnaire de Sainte-Marie de faire des bêtises ! Ah ! si jamais j’aurais supposé cela !…
Il contint sa colère, et, penché sur elle :
— Après tout, tant mieux ! Les choses se trouvent simplifiées. La partie que je jouais était déjà admirable, puisque j’ai tous les atouts en main. Mais quel surcroît de chance ! Aurélie n’est pas une vertu farouche ! On peut voler et tuer tout en se dérobant devant le fossé. Et puis voilà qu’Aurélie est toute prête à sauter l’obstacle. Alors, pourquoi pas en ma compagnie ? Hein, Aurélie, autant moi que cet autre ? S’il a ses avantages, j’ai des raisons en ma faveur qui ne sont pas à dédaigner. Qu’en dites-vous, Aurélie ?
Elle se taisait obstinément. Le courroux de l’ennemi s’exaspérait de ce silence terrifié, et il reprit, en scandant chaque parole :