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comme quelqu’un qui ne tient debout que par miracle. En vérité, le beau Marescal ne se redressait plus. Son faux-col était tordu comme un linge mouillé. Sa barbe se terminait par deux pointes d’où tombaient des gouttes.

C’est un peu avant la place de l’Étoile, qu’un monsieur, à grosses lunettes noires, qui venait en sens contraire, se présenta à lui, une cigarette allumée aux lèvres. Le monsieur lui barra la route, et bien entendu ne lui demanda pas de feu, mais, sans un mot, lui souffla sa fumée au visage, avec un sourire qui découvrait des dents, presque toutes pointues comme des canines.

Le commissaire écarquilla les yeux. Il balbutia :

— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

Mais à quoi bon interroger ? Ne savait-il pas que c’était là son mystificateur, celui qu’il appelait le troisième complice, l’amoureux d’Aurélie, et son éternel ennemi, à lui, Marescal ?

Et cet homme, qui lui paraissait le diable en personne, tendit le doigt vers la bouteille et prononça d’un petit ton de plaisanterie affectueuse :

— Allons, aboule… sois gentil avec le monsieur… aboule. Est-ce qu’un commissaire de ton grade se balade avec une bouteille ? Allons, Rodolphe… aboule…