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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/189

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touché l’épaule de la jeune fille, il s’était glissé vers lui, comme révolté par un tel outrage. Marescal fléchit sous l’élan, et les deux hommes roulèrent sur le parquet.

Le combat fut acharné. L’un et l’autre y mettaient une rage que leur rivalité haineuse exacerbait, Marescal plus vigoureux et plus puissant, mais Brégeac soulevé d’une telle fureur que le dénouement demeura longtemps incertain.

Aurélie les regardait avec horreur, mais ne bougeait pas. Tous deux étaient ses ennemis, pareillement exécrables.

À la fin, Marescal, qui avait secoué l’étreinte et dénoué les mains meurtrières, cherchait visiblement à atteindre sa poche et à attirer son browning. Mais l’autre lui tordait le bras, et tout au plus réussit-il à saisir son sifflet qui pendait à sa chaîne de montre. Un coup strident retentit. Brégeac redoubla d’efforts pour prendre de nouveau son adversaire à la gorge. La porte fut ouverte. Une silhouette bondit dans la pièce et se précipita sur les adversaires. Presque aussitôt Marescal se trouvait libre et Brégeac apercevait à dix centimètres de ses yeux le canon d’un revolver.

— Bravo, Sauvinoux ! s’écria Marescal. L’incident vous sera compté pour de bon, mon ami.

Sa colère était si forte qu’il eut la lâcheté de cracher à la figure de Brégeac.

— Misérable ! bandit ! Et tu t’imagines que tu en seras quitte à si bon marché ? Ta démission d’abord, et tout de suite… Le ministre l’exige… Je l’ai dans ma poche. Tu n’as qu’à signer.