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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/196

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lui… une balle entre les deux yeux, ordonna-t-il à Sauvinoux.

Il alla jusqu’à la porte et l’ouvrit.

— Rien de nouveau en bas ?

— Patron ?

Il se pencha par-dessus la rampe de l’escalier.

— Tony ?… Labonce ?… Personne n’est entré ?

— Personne, patron. Mais il y a donc du grabuge là-haut ?

— Non… non…

De plus en plus désemparé, il retourna vivement vers le cabinet de travail. Brégeac, Sauvinoux et la jeune fille n’avaient pas bougé. Seulement… seulement, il se produisait une chose inouïe, incroyable, inimaginable, fantastique, qui lui coupa les jambes et l’immobilisa dans l’encadrement de la porte. Sauvinoux avait entre les lèvres une cigarette non allumée et le contemplait comme quelqu’un qui demande du feu.

Vision de cauchemar, en opposition si violente avec la réalité que Marescal refusa d’abord d’y attacher le sens qu’elle comportait. Sauvinoux, par une aberration dont il serait puni, voulait fumer et réclamait du feu, voilà tout. Pourquoi chercher plus loin ? Mais peu à peu, la figure de Sauvinoux s’éclaira d’un sourire goguenard où il y avait tant de malice et de bonhomie impertinente que Marescal essaya vainement de se donner le change. Sauvinoux, le subalterne Sauvinoux, devenait insensiblement, dans son esprit, un être nouveau qui n’était plus un agent, et qui, au