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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/206

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Mais il s’interrompit brusquement, réfléchit durant quelques secondes, et repartit d’un ton résolu :

— Non, ce n’est pas ainsi qu’il faut procéder. Il faut remonter plus haut, à la source même des faits et dérouler toute l’histoire, ce qu’on pourrait appeler les deux époques de l’histoire. J’en ignore certains détails. Mais ce que je sais, et ce que l’on peut supposer en toute certitude, suffit pour que tout soit clair et pour que tout s’enchaîne.

Et, lentement, il prononça :

— Il y a environ dix-huit ans — je répète le chiffre, Marescal… dix-huit ans… c’est-à-dire la première époque de l’histoire — donc, il y a dix-huit ans, à Cherbourg, quatre jeunes gens se rencontraient au café de façon assez régulière, un nommé Brégeac, secrétaire au commissariat maritime, un nommé Jacques Ancivel, un nommé Loubeaux, et un sieur Jodot. Relations superficielles qui ne durèrent pas, les trois derniers ayant eu maille à partir avec la justice, et le poste administratif du premier, c’est-à-dire de Brégeac, ne lui permettant pas de continuer de telles fréquentations. D’ailleurs Brégeac se maria et vint habiter Paris.

» Il avait épousé une veuve, mère d’une petite fille appelée Aurélie d’Asteux. Le père de sa femme, Étienne d’Asteux, était un vieil original de province, inventeur, chercheur toujours aux aguets, et qui, plusieurs fois, avait failli conquérir la grande fortune ou découvrir le grand secret qui vous la donne. Or, quelque temps avant le second ma-