Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/215

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effroyable poursuite à travers les bois, Aurélie était arrêtée, emprisonnée, jetée en face de son implacable ennemi, Marescal, et perdue.

» Seulement, coup de théâtre. J’entre en scène… »

Rien, ni la gravité des circonstances, ni l’attitude douloureuse de la jeune fille qui pleurait au souvenir de la nuit maudite, rien n’eût empêché Raoul de faire le geste du monsieur qui entre en scène. Il se leva, poussa jusqu’à la porte, et revint dignement s’asseoir avec toute l’assurance d’un acteur dont l’intervention va produire un effet foudroyant.

— Donc j’entre en scène, répéta-t-il, en souriant d’un sourire satisfait. Il était temps. Je suis sûr que, toi aussi, Marescal, tu te réjouis d’apercevoir au milieu de cette tourbe de fripouilles et d’imbéciles, un honnête homme qui se pose tout de suite, avant même de rien savoir, et simplement parce que mademoiselle a de beaux yeux verts, en défenseur de l’innocence persécutée. Enfin, voici une volonté ferme, un regard clairvoyant, des mains secourables, un cœur généreux ! C’est le baron de Limésy. Dès qu’il est là, tout s’arrange. Les événements se conduisent comme de petits enfants sages, et le drame s’achève dans le rire et dans la bonne humeur.

Seconde petite promenade. Puis il se pencha sur la jeune fille, et lui dit :

— Pourquoi pleurez-vous Aurélie, puisque toutes ces vilaines choses sont terminées, et puisque Marescal lui-même s’incline devant une innocence qu’il reconnaît ? Ne pleurez pas,