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nouveau la chaussée romaine qui grimpait, toute droite, entre les talus d’herbe épaisse. Au bas de cette échelle, ils s’arrêtèrent. Aurélie était de plus en plus recueillie. Raoul ne cessait de l’observer avidement.

Lorsqu’ils eurent gravi les dalles disposées en degrés, ils parvinrent à une large bande de terrain circulaire, qui charmait par la fraîcheur de ses plantes et de son gazon, et qu’emprisonnait un haut mur de moellons dont les intempéries n’avaient pas altéré le ciment et qui s’en allait au loin, vers la droite et vers la gauche. Une large porte le trouait. Raoul en avait la clef. Il ouvrit. Le terrain continuait à monter. Quand ils eurent atteint le faîte de ce remblai, ils virent devant eux un lac qui était figé comme la glace, au creux d’une couronne de rochers qui le dominaient régulièrement.

Pour la première fois, Aurélie posa une question où se montrait tout le travail de réflexion qui se poursuivait en elle.

— Puis-je vous demander si, en me conduisant ici, plutôt qu’ailleurs, vous avez un motif ? Est-ce le hasard ?…

— Le spectacle est plutôt morne, en effet, dit Raoul, sans répondre directement, mais, tout de même, il y a là une âpreté, une mélancolie sauvage qui a du caractère. Les touristes n’y viennent jamais en excursion, m’a-t-on dit. Cependant on s’y promène en barque, comme vous voyez.

Il la mena vers un vieux bateau