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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/25

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II

investigations


La mort de miss Bakefield, l’attaque sauvage des trois personnages masqués, l’assassinat probable des deux voyageurs, la perte de ses billets de banque, tout cela ne pesa guère dans l’esprit de Raoul auprès de l’inconcevable vision qui l’avait heurté en dernier lieu. La demoiselle aux yeux verts ! La plus gracieuse et la plus séduisante femme qu’il eût jamais rencontrée surgissant de l’ombre criminelle ! La plus rayonnante image apparaissant sous ce masque ignoble du voleur et de l’assassin ! La demoiselle aux yeux de jade, vers qui son instinct d’homme l’avait jeté dès la première minute, et qu’il retrouvait en blouse tachée de sang, avec une face éperdue, en compagnie de deux effroyables meurtriers, et, comme eux, pillant, tuant, semant la mort et l’épouvante !

Bien que sa vie de grand aventurier, mêlé à tant d’horreurs et d’ignominies, l’eût endurci aux pires spectacles, Raoul (continuons de l’appeler ainsi puisque c’est sous ce nom qu’Arsène Lupin joua son rôle dans le drame), Raoul de Limézy demeurait confondu devant une réalité qu’il lui était impossible de concevoir et, en quelque sorte, d’étreindre. Les faits dépassaient son imagination.

Dehors, c’était le tumulte. D’une gare toute proche, la gare de Beau-