explications, il y en a pour un bout de temps.
Cette fois il voyait clair dans le désordre de son esprit, et discernait les intentions vraiment inattendues qui surgissaient brusquement en lui, à son insu pour ainsi dire, et sans qu’il pût comprendre le motif secret de sa conduite.
Il baissa la grande glace et se pencha sur la double ligne des rails. Personne. Aucune lumière.
Il sauta.
III
Le baiser dans l’ombre
La gare de Beaucourt est située en pleine campagne, loin de toute habitation. Une route perpendiculaire au chemin de fer la relie au village de Beaucourt, puis à Romillaud, où se trouve la gendarmerie, puis à Auxerre d’où l’on attendait les magistrats. Elle est coupée à angle droit par la route nationale, laquelle longe la ligne à une distance de cinq cents mètres.
On avait réuni sur le quai toutes les lumières disponibles, lampes, bougies, lanternes, fanaux, ce qui obligea Raoul à n’avancer qu’avec des précautions infinies. Le chef de gare, un employé et un ouvrier conversaient avec le gendarme de faction dont la haute taille se dressait devant la porte ouverte à deux battants d’une pièce encombrée de colis, qui était réservée au service des messageries.
Dans la demi-obscurité de cette pièce s’étageaient des piles de paniers et de caissettes, et s’éparpil-