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sanglots sourds rythmaient le silence de la pièce.

L’ouvrier racontait la poursuite à travers les bois. C’est lui qui, dans un taillis, sous le jet d’un fanal, avait levé « le gibier ». L’autre malandrin, comme il disait, était mince et de haute taille et détalait comme un lièvre. Mais il devait revenir sur ses pas et entraîner le petit. D’ailleurs, il faisait si noir que la chasse n’était pas commode.

— Tout de suite le gosse qu’est là, conta l’ouvrier, s’est mis à geindre. Il a une drôle de voix de fille, avec des larmes : « Où est le juge ?… je lui dirai tout… Qu’on me mène devant le juge ! »

L’auditoire ricanait. Raoul en profita pour glisser la tête entre deux piles de caissettes à claire-voie. Il se trouvait ainsi derrière l’amoncellement de colis postaux où la captive était prostrée. Cette fois, elle avait dû percevoir quelque bruit, car les sanglots cessèrent.

Il chuchota :

— N’ayez pas peur.

Comme elle se taisait, il reprit :

— N’ayez pas peur… je suis un ami.

— Guillaume ? demanda-t-elle, très bas.

Raoul comprit qu’il s’agissait de l’autre fugitif et répondit :

— Non, c’est quelqu’un qui vous sauvera des gendarmes.

Elle ne souffla pas mot. Elle devait redouter une embûche. Mais il insista :

— Vous êtes entre les mains de la