jolie !… Du jour au lendemain, j’étais en pleine lumière. Et puis…
— Et puis ?
Marescal eut une légère hésitation. Mais il est des heures où nulle raison ne vous interdirait de parler et de montrer le fond même de votre âme, au risque d’en avoir le regret. Il se découvrit donc.
— Et puis, cela doublait, triplait l’importance de la victoire que je remportais sur un terrain opposé !…
— Une seconde victoire ? dit Raoul avec admiration.
— Oui, et définitive, celle-là.
— Définitive ?
— Certes, personne ne peut plus me l’arracher, puisqu’il s’agit d’une morte.
— De la jeune Anglaise, peut-être ?
— De la jeune Anglaise.
Sans se départir de son air un peu niais, et comme s’il cédait surtout au désir d’admirer les prouesses de son compagnon, Raoul demanda :
— Vous pouvez m’expliquer ?…
— Pourquoi pas ? Vous serez renseigné deux heures avant les magistrats, voilà tout.
Ivre de fatigue, le cerveau confus, Marescal eut l’imprudence, contrairement à ses habitudes, de bavarder comme un novice. Se penchant vers Raoul, il lui dit :
— Savez-vous qui était cette Anglaise ?
— Vous la connaissiez donc, monsieur le commissaire ?
— Si je la connaissais ! Nous étions bons amis, même. Depuis six mois, je vivais dans son ombre, je la guettais, je cherchais contre elle des