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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/66

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dises. Il baissa la glace, sauta, sans être vu, d’un marchepied sur l’autre, et s’installa confortablement sous la bâche d’un wagon chargé de pommes.

— Une voleuse qui est morte, se disait-il, et une meurtrière dont j’ai horreur, telles sont les recommandables personnes auxquelles j’accorde ma protection. Pourquoi, diable, me suis-je lancé dans cette aventure ?


IV

On cambriole la villa B…


— S’il est un principe auquel je reste fidèle, me dit Arsène Lupin, lorsque, beaucoup d’années après, il me conta l’histoire de la demoiselle aux yeux verts, c’est de ne jamais tenter la solution d’un problème avant que l’heure ne soit venue. Pour s’attaquer à certaines énigmes, il faut attendre que le hasard, ou que votre habileté, vous apporte un nombre suffisant de faits réels. Il faut n’avancer, sur la route de la vérité, que prudemment, pas à pas, en accord avec le progrès des événements.

Raisonnement d’autant plus juste dans une affaire où il n’y avait que contradictions, absurdités, actes isolés qu’aucun lien ne semblait unir les uns aux autres. Aucune unité. Nulle pensée directrice. Chacun marchait pour son propre compte. Jamais Raoul n’avait senti à un pareil point combien on doit se méfier de toute précipitation dans ces sortes d’aventures. Déductions, intuitions, analyse, examen, autant de pièges où il faut se garder de tomber.