sa, prêt à sauter sur le nouveau venu que la jeune fille tenait par le bras et essayait d’entraîner vers le taxi. Il réussit à les séparer et à prendre la canne du monsieur lorsque, tout à coup, il se trouva face à face avec une tête qui surgissait entre son adversaire et lui — une tête inconnue, bizarre, dont l’œil droit clignotait nerveusement et dont la bouche, déformée par une grimace d’ironie, tenait une cigarette.
C’était Raoul qui se dressait ainsi et qui articula, d’une voix rauque :
— Un peu de feu, s’il vous plaît.
Demande vraiment inopportune. Que voulait donc cet intrus ? Le pommadé se regimba.
— Laissez-moi donc tranquille ! Je n’ai pas de feu.
— Mais si ! tout à l’heure vous fumiez, affirma l’intrus.
L’autre, hors de lui, tâcha de l’écarter. N’y parvenant point, et ne pouvant même point bouger les bras, il baissa la tête pour voir quel obstacle l’entravait. Il parut confondu. Les deux mains du monsieur lui serraient les poignets de telle manière qu’aucun mouvement n’était possible. Un étau de fer ne l’eût pas davantage paralysé. Et l’intrus ne cessait de répéter, l’accent tenace, obsédant :
— Un peu de feu, je vous en prie. Il serait vraiment malheureux de me refuser un peu de feu.
Les gens riaient alentour. Le bellâtre, exaspéré, proféra :
— Allez-vous me ficher la paix, hein ? Je vous dis que je n’en ai pas.
Le monsieur hocha la tête d’un air mélancolique.
— Vous êtes bien impoli ! Jamais