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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/74

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contournaient le monticule d’où il les guettait, accroupi parmi les feuillages, Raoul eut la vision brusque, instantanée, comme celle d’un éclair, d’une tête qui surgissait au-dessus du mur, et toujours au même emplacement, tête d’homme, sans chapeau… chevelure noire en broussaille… physionomie vulgaire… Cela ne dura pas une seconde.

Était-ce un troisième complice posté dans la ruelle ?

Le couple s’arrêta plus loin que le monticule, à l’embranchement où se réunissaient le chemin de la porte et le chemin de la grille. Guillaume s’éloigna en courant vers la maison. Il laissait la jeune femme seule.

Raoul, qui se trouvait à une distance de cinquante pas tout au plus, la regardait avidement, et pensait qu’un autre regard, celui de l’homme caché, devait la contempler aussi par les fentes de la porte vermoulue. Que faire ? La prévenir ? L’entraîner, comme à Beaucourt, et la soustraire à des périls qu’il ne connaissait pas ?

La curiosité fut plus forte que tout. Il voulait savoir. Au milieu de cet imbroglio où les initiatives contraires s’enchevêtraient, où les attaques se croisaient, sans qu’il fût possible de voir clair, il espérait qu’un fil conducteur se dégagerait, lui permettant, à un moment donné, de choisir une route plutôt qu’une autre, et de ne plus agir au hasard d’un élan de pitié ou d’un désir de vengeance.

Cependant, elle demeurait appuyée contre un arbre et jouait distraitement avec le sifflet dont elle devait user en cas d’alerte. La jeu-