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bougea point. Quant au complice Guillaume, il demeurait invisible.

Le soir, Raoul se glissa au fond d’une loge et, dès l’abord, il eut une exclamation de stupeur : l’actrice qui chantait Véronique n’était autre que la demoiselle aux yeux verts.

— Léonide Balli…, se dit-il… Ce serait donc là son nom ? Et elle serait chanteuse d’opérette en province ?

Raoul n’en revenait pas. Cela dépassait tout ce qu’il avait pu imaginer à propos de la demoiselle aux yeux de jade.

Provinciale ou parisienne, elle se montra la plus adroite des comédiennes et la plus adorable chanteuse, simple, discrète, émouvante, pleine de tendresse et de gaieté, de séduction et de pudeur. Elle avait tous les dons et toutes les grâces, beaucoup d’habileté et une inexpérience de la scène qui était un charme de plus. Il se rappelait sa première impression du boulevard Haussmann, et son idée des deux destins que vivait la jeune fille dont le masque était à la fois si tragique et si enfantin.

Raoul passa trois heures dans le ravissement. Il ne se lassait pas d’admirer l’étrange créature qu’il n’avait aperçue, depuis la jolie vision initiale, que par éclairs et en des crises d’horreur et d’effroi. C’était une autre femme, chez qui tout prenait caractère d’allégresse et d’harmonie. Et c’était pourtant bien celle qui avait tué et participé aux crimes et aux infamies. C’était bien la complice de Guillaume.

De ces deux images, si différentes,