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Ils se turent, embarrassés l’un et l’autre.

Puis la jeune fille qui était au bord du lac y plongea sa main et murmura :

— Non… non… je ne pourrai pas supporter cette eau glacée, je ne pourrai pas.

Elle rentra suivie par lui et un quart d’heure s’écoula, qui parut très long à Raoul.

— Je vous en prie, dit-il, allons-nous-en. La situation devient dangereuse.

Elle obéit et ils quittèrent la grotte. Mais, au moment même où elle se pendait à son cou, quelque chose siffla près d’eux, et un éclat de pierre sauta. Au loin, une détonation retentit.

Raoul renversa brusquement Aurélie. Une deuxième balle siffla, écornant le roc. D’un geste il enleva la jeune fille, la poussa vers l’intérieur et s’élança, comme s’il eût voulu courir à l’assaut.

— Raoul ! Raoul ! je vous défends… On va vous tuer…

Il la saisit de nouveau, et la remit de force à l’abri. Mais cette fois elle ne le lâcha pas, et, se cramponnant, l’arrêta.

— Je vous en supplie, restez…

— Mais non, protesta Raoul, vous avez tort, il faut agir.

— Je ne veux pas… je ne veux pas…

Elle le retenait de ses mains frissonnantes, et, elle qui avait si peur d’être portée par lui, quelques instants plutôt, elle le serrait contre elle avec une indomptable énergie.