Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/167

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Philippe l’empoigna :

— Puisqu’on vous dit de vous taire, cré nom ! Mon père est malade.

— Ça ne fait rien. J’ai la carriole du boucher… Je l’emmène comme ça, tout de go.

— Mais c’est impossible, gémit Mme Morestal. Il est au lit.

— Ça ne fait rien… Il faut des ordres… Il y a toute une compagnie de soldats… les soldats de la manœuvre… La mairie est à l’envers… Il n’y a que lui qui peut se démener.

— Allons donc ! et les adjoints ? Arnauld ? Walter ?

— Ils ont perdu la tête.

— Qui est-ce qui est à la mairie ?

— Tout le monde.

— Le curé ?

— Une poule mouillée !

— Le pasteur ?

— Une tourte ! Il n’y en a qu’un qui ne pleure pas comme les autres… Seulement, jamais M. Morestal ne consentirait… Ils sont fâchés.

— Qui est-ce ?

— L’instituteur.

— Qu’on lui obéisse, alors !… L’instituteur, soit !… Qu’il prenne la direction au nom de mon mari.

Le désir d’épargner tout ennui à Morestal