Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/67

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Il y eut une détonation. L’homme chancela en gémissant ; mais il ne devait être que blessé, car, après quelques secondes, il se redressa et partit à travers bois.

Aussitôt ce fut la chasse. Quatre ou cinq Allemands franchirent la frontière et se mirent, en jurant, à la poursuite du fugitif, tandis que leurs camarades, plus nombreux, se dirigeaient vers Morestal.

Jorancé s’empara de lui à bras-le-corps et le contraignit à reculer :

— Par là, dit-il… par là… ils n’oseront pas…

Ils retournèrent du côté de la Butte-aux-Loups, mais tout de suite, ils furent rejoints.

— Halte ! ordonna une voix rude… Je vous arrête… Vous êtes complice… Je vous arrête.

— Nous sommes en France, riposta Jorancé, qui fit face à ses agresseurs.

Une main s’abattit sur son épaule.

— On verra ça… on verra ça… Suivez-nous.

Dix hommes les entourèrent, mais tous deux vigoureux, exaspérés, à coups de poing, ils réussirent à se faire un passage.

— À la Butte-aux-Loups, dit Jorancé… et restons à gauche de la route.

— Nous n’y sommes pas à gauche, dit Morestal, qui s’aperçut au bout d’un ins-