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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/205

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ries et il ne devait plus céder à ce besoin de surprendre les gens par des coups de théâtre et des tours de magie. Puisqu’il avait découvert le bouchon de cristal dans la cachette, prévue par lui en toute certitude, puisqu’il possédait la liste des vingt-sept, il s’agissait maintenant de jouer la fin de la partie sans retard.

Jeu d’enfant, certes, et ce qui restait à faire n’offrait aucune difficulté. Encore fallait-il apporter à ces actes définitifs de la promptitude, de la décision et une clairvoyance infaillible. La moindre faute était irrémédiable. Lupin le savait, mais son esprit, si étrangement lucide, avait examiné toutes les hypothèses. Et ce n’étaient plus que des gestes et des mots mûrement préparés, qu’il allait exécuter et prononcer.

— Grognard, le commissionnaire attend boulevard Gambetta avec sa charrette et la malle que nous avons achetée. Amène-le ici et fais monter la malle. Si on te demande quelque chose à l’hôtel, tu diras que c’est pour la dame qui habite au 130.

Puis, s’adressant à son autre compagnon :

— Le Ballu, retourne au garage et prends livraison de la limousine. Le prix est convenu, 10 000 francs. Tu achèteras une casquette et une lévite de chauffeur et tu amèneras l’auto devant la porte.

— L’argent, patron.

Lupin saisit un portefeuille qu’on avait retiré du veston de Daubrecq et trouva une liasse énorme de billets de banque. Il en détacha dix.

— Voici dix mille francs. Il paraît que notre ami a gagné la forte somme au Cercle. Va, Le Ballu.