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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/37

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— Il ne me connaît pas.

— Mais moi, je le connais. C’est moi qui l’ai fait placer chez le comte Saulevat. Alors, tu comprends…

Victoire parut un peu calmée.

— Enfin ! qu’il soit fait selon la volonté de Dieu… ou plutôt selon la tienne. Et quel est mon rôle dans tout cela ?

— Me coucher ici, d’abord. Tu m’as jadis nourri de ton lait. Tu peux bien m’offrir la moitié de ta chambre. Je dormirai sur le fauteuil.

— Et après ?

— Après ? Me fournir les aliments nécessaires.

— Et après ?

— Après ? Entreprendre de concert avec moi, et sous ma direction, toute une série de recherches ayant pour but…

— Ayant pour but ?

— La découverte de l’objet précieux dont je t’ai parlé.

— Quoi ?

— Un bouchon de cristal.

— Un bouchon de cristal !… Jésus, Marie ! Quel métier ! Et si on ne le trouve pas, ton sacré bouchon ?

Lupin lui saisit doucement le bras, et d’une voix grave :

— Si on ne le trouve pas, Gilbert, le petit Gilbert que tu connais et que tu aimes bien, a beaucoup de chances d’y laisser sa tête, ainsi que Vaucheray.

— Vaucheray, ça m’est égal… une canaille comme lui ! Mais Gilbert…

— Tu as lu les journaux, ce soir ? L’affaire tourne de plus en plus mal. Vaucheray, comme de juste, accuse Gilbert d’avoir frappé le domestique, et il arrive précisément que le couteau dont Vaucheray s’est servi appartenait à Gilbert. La preuve en a été faite, ce matin. Sur quoi, Gilbert, qui est intelligent, mais qui manque d’estomac, a bafouillé et s’est lancé dans des histoires et des mensonges qui achèveront de le perdre. Voilà où nous en sommes. Veux-tu m’aider ?