Page:Leblanc - Le Cercle rouge, paru dans Le Journal, 1916-1917.djvu/137

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Sam Smiling haussa les épaules.

— Je ne t’ai pas attendu pour reconnaître Max Lamar ! Et il n’y a pas un instant à perdre. Car je suppose que, cette fois, il ne vient pas, comme l’autre jour, me faire une visite de courtoisie. Aide-moi à fermer et à barricader.

Tous deux placèrent contre la porte une lourde table et deux bancs, ce qui, avec la serrure constituait une défense provisoire solide.

— Avant d’avoir démoli ce premier rempart, ces messieurs auront de quoi s’amuser ! dit Sam, d’un ton goguenard.

Et, prenant un veston et un chapeau accrochés au mur, il ajouta :

— Maintenant, déguisons-nous en courant d’air !

Il ouvrit la cachette, pénétra avec Tom dans le réduit, et tous deux se mirent en devoir d’utiliser l’issue si habilement dissimulée.

Du dehors, par la porte vitrée, Max Lamar et son compagnon avaient pu voir s’agiter les deux complices. À coups de poing, ils brisèrent les barreaux, mais ils eurent beau faire jouer le loquet, en passant la main à l’intérieur, l’huis ne céda point. Ils furent obligés de l’enfoncer à coups d’épaule.

Cet effort dura deux ou trois minutes, et lorsqu’enfin ils purent pénétrer dans la boutique, ils eurent le vif déplaisir de constater qu’ils arrivaient juste à temps pour apercevoir la silhouette épaisse de Sam Smiling en train de disparaître par l’issue secrète.

C’était à recommencer.

Chercher le secret de la cachette était bien risqué. Le temps était précieux et mieux valait avoir recours à la manière forte.

Saisissant un des bancs que Sam avait disposés derrière la porte, le compagnon de Max Lamar se mit en devoir, en se servant de ce meuble comme d’un bélier, d’enfoncer la cloison à l’endroit où paraissait se trouver la cachette. Sous les coups répétés du policeman, qui était un véritable colosse, les rayons du casier volèrent en éclats.

Mais tout cela était encore bien long, et Max Lamar, dans la boutique, bouillait d’impatience.

— Pourvu, pensait-il, que mes deux hommes aient pu, de l’autre côté, cueillir les deux bandits, ou tout au moins Sam Smiling !

Et pendant que le policier achevait la destruction qu’il avait commencée, Max, repris par son besoin d’investigation, faisait une rapide enquête parmi les objets contenus dans la boutique.

Il prit au hasard une bottine dans un tas de vieilles chaussures qui se trouvaient sous l’établi du cordonnier et se mit en devoir de dévisser le talon. Ce dernier, en effet, était mobile et permit à Max de constater que le système était identique à celui qu’il avait saisi chez Clara Skinner.

— Vous voyez, s’écria-t-il, en brandissant le talon qui était creux, mais vide, vers le policier, voilà la preuve indiscutable que le cordonnier Sam Smiling est le complice de cette femme, et que, grâce à ces deux coquins, nous pourrons connaître l’énigme du Cercle Rouge.

Well ! Very well ! répondit sans se retourner le gigantesque policeman qui, semblable à quelque héros légendaire des