Page:Leblanc - Le Cercle rouge, paru dans Le Journal, 1916-1917.djvu/152

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Max Lamar suspendu sur l’abîme eut l’intuition de ce qui se passait au-dessus de lui, sur le bord de la falaise.

Il imagina Sam Smiling reprenant le sentier et rencontrant l’Ermite au croisement des chemins. Sam, pris de peur, avait dû revenir sur ses pas, et l’Ermite, un brave homme sans doute, soupçonnant qu’un crime venait d’être commis, n’avait pas hésité à poursuivre l’homme qui redescendait seul de la falaise.

Ce que Lamar entrevoyait ainsi en un éclair était la vérité.

Au-dessus de lui avait lieu une lutte analogue à celle qu’il venait de soutenir quelques instants auparavant.

Sam était terriblement fatigué. Cependant, il n’en portait pas moins de rudes coups au nouvel adversaire qui venait si courageusement de l’assaillir. Mais ce dernier prenait visiblement le dessus, quand un cri déchirant se fit entendre.

Ce cri semblait monter de la mer et le vent l’apportait par-dessus la falaise comme quelque chose d’immense et de surhumain.

L’Ermite, au milieu du combat qu’il soutenait, eut une hésitation produite par la surprise. Cela lui coûta cher, car Sam Smiling lui ayant décroché un magistral coup de poing se dégagea et reprit sa course vers le sentier, dans l’ombre duquel il disparut.

Étourdi par le coup qu’il venait de recevoir, l’Ermite ne songea pas sur-le-champ à le poursuivre. D’ailleurs, une préoccupation plus immédiate était de répondre aux appels de détresse qui redoublaient, déchirant le silence.

L’Ermite, se penchant avec précaution, au-dessus de la falaise, distingua au-dessous de lui une forme humaine cramponnée désespérément à une branche de genêts.

— Courage, tenez bon, cria-t-il, je viens à votre secours.

Max Lamar, qui s’épuisait visiblement, dit d’une voix étranglée :

— Hâtez-vous, car je sens la branche se rompre sous mon poids.

L’Ermite, ayant détaché la corde qui ceignait ses reins, la jeta au malheureux, après en avoir solidement entouré son poing droit.

Max se crut sauvé. En voyant descendre la corde, il s’apprêta à la saisir, dès qu’elle passerait à sa portée.

Mais ce fut comme une malédiction. La corde, trop courte, se balançait au-dessus de sa tête.

Tous les efforts qu’il faisait pour l’atteindre ne faisaient que déraciner davantage la plante, à laquelle il se cramponnait.

Une sueur froide lui parcourait le corps. Allait-il, si près du salut, défaillir et tomber ?

— Courage ! lui criait l’Ermite qui, ayant remonté la corde, joignait à cette dernière la misérable veste, dont il venait de se dépouiller.

Max ne l’entendait plus. Un bourdonne-