un peu honte de le jouer ainsi. En même temps, un sentiment nouveau, qui naissait dans le cœur de la jeune fille et qu’elle ne s’avouait pas, la troublait :
— Me pardonnez-vous ? répéta Lamar presque tremblant.
Elle eut un sourire et lui tendit la main.
— Oui, dit-elle d’une voix basse et douce, je vous pardonne.
Lamar saisit cette main fine et délicate, d’une blancheur parfaite et dont le contact le fit tressaillir. En même temps, ses yeux rencontrèrent ceux de Florence. Une seconde, ils restèrent ainsi. Puis, Florence, rougissant légèrement, dégagea sa main.
Presque aussitôt, ils se séparèrent. La jeune fille était arrivée chez elle.
Quand il eut pris congé de Florence, Lamar s’éloigna vers la Station Centrale de Police.
Il était pensif, mais sa préoccupation ne s’attachait nullement à la voleuse voilée ni même au mystérieux Cercle Rouge. Il revoyait le sourire charmant d’un visage pur ; il revoyait le regard de deux grands yeux profonds sous les grappes bouffantes et légères d’une chevelure brune descendant sur un front blanc, il entendait une voix douce, il pressait encore une petite main, une seconde abandonnée dans la sienne… Mais il eut un sourire presque mélancolique et haussa les épaules.
— Je suis complètement fou, murmura-t-il, quelles chimères vais-je rêver ?… Je ne suis qu’un pauvre diable de médecin sans fortune, et elle…
Il secoua la tête et, à l’aide d’un énergique effort, réussissant à bannir de son cerveau toute préoccupation autre que celle de son enquête, une fois encore il repassa les données de l’insolite problème qu’il s’était juré de déchiffrer.
Lorsque Max Lamar, portant toujours sur son bras le manteau noir, arriva à la Station Centrale, son ami, Randolph Allen se trouvait dans son bureau.
Le chef de police, impassible comme toujours, tendit la main au médecin légiste et acheva de donner des ordres à un agent en uniforme et à un jeune secrétaire qui prenait des notes.
Ces deux derniers sortirent bientôt, et Lamar fit au chef de police un récit détaillé et précis des événements de l’après-midi.
— Avec ce manteau, termina-t-il, nous pourrons très probablement découvrir le tailleur de chez qui il vient et, par le tailleur, nous arriverons à retrouver l’acheteuse, c’est-à-dire, sans doute, la femme voilée elle-même.
Randolph Allen, tout en écoutant son ami avec attention, avait examiné minutieusement le vêtement noir.
— Il est taché de graisse et de cambouis, observa-t-il, mais cela provient certainement du plancher du garage sur lequel il est tombé. Quant à notre enquête, elle ne pourra se faire que demain. Tous les magasins de la ville, continua-t-il en consultant sa montre, seront fermés dans une demi-heure d’ici. Je vais donner des ordres pour que l’on commence l’enquête demain à la première heure.
Randolph Allen sonna.
— Prenez ce manteau, John, dit-il au garçon de bureau qui se présenta. Serrez-le avec grand soin et présentez-le-moi demain matin, dès mon arrivée. Vous ferez passer une note aux inspecteurs pour les prévenir qu’ils soient tous ici. J’aurai des ordres à leur donner.
Le garçon de bureau sortit en emportant le manteau.