Page:Leblanc - Le Cercle rouge, paru dans Le Journal, 1916-1917.djvu/89

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Le lendemain, dès son réveil, Florence se leva, fit rapidement sa toilette et descendit rejoindre Mme Travis afin de la décider à partir pour leur villa de la plage de Surfton. C’était toujours un peu difficile, car Mme Travis s’aimait jamais beaucoup à se déplacer, mais comme il lui était par contre, tout à fait impossible de se refuser à satisfaire le moindre désir de Florence, celle-ci était très sûr d’avance du résultat.

— Mon Dieu ! Flossie, je crois que tu es tous les jours plus jolie ! s’exclama, avec un touchant, enthousiasme maternel la vieille dame, lorsqu’elle vit paraître la jeune fille qui, en effet, était exquise avec son gracieux vêtement du matin et le petit bonnet de dentelle qui couvrait ses beaux cheveux.

— As-tu bien dormi, ma chérie, après la sotte alarme que nous a causée Yama ?

— Oui, maman, assez bien, mais, pourtant, je suis encore lasse. Du reste, depuis quelques jours, cela ne va pas. Je crois que j’aurai besoin de grand air. Alors, si vous vouliez être très, très gentille… nous partirions aujourd’hui même, ce matin, si c’est possible, pour Surfton.

Florence regardait Mme Travis avec la moue d’un enfant gâté qui va pleurer si on se refuse à satisfaire son caprice.

La vieille dame, d’abord un peu effarée, éleva comme de coutume quelques objections, peut-être seulement pour se faire prier davantage. Mais Florence avait parlé de sa santé, il ne pouvait donc être question d’hésiter sérieusement, et Mme Travis consentit au voyage avec tant de bonne grâce qu’il fut décidé que, le matin même, dès que les malles seraient prêtes, on partirait en auto pour Surfton.

Florence, joyeuse, remonta en courant dans sa chambre où, sur son ordre, Yama lui apporta sa plus grande malle. Quand le Japonais fut sorti, Florence prit, dans le placard, les vêtements masculins de M. Osborne, tailleur pour dames, elle en fit un paquet serré et le plaça au fond de la malle. Elle plia et déposa par-dessus deux ou trois robes. Alors seulement, elle fit appeler Mary, qui se trouvait dans le jardin avec Mme Travis, et elle lui demanda de bien vouloir se charger d’emballer ses affaires pendant qu’elle-même s’habillerait pour le voyage.

La jeune fille fit tant de diligence, et tout le monde, pour lui être agréable, se dépêcha si bien que, à dix heures et demie, Mme Travis, Florence et Mary montaient en auto pendant que Yama, coiffé d’une gigantesque casquette, sous laquelle il gri-