Page:Leblanc - Le Chapelet rouge, paru dans Le Grand Écho du Nord, 1937.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pourtant, je lis sur le rapport du brigadier ces quelques phrases : « Le maître d’hôtel affirme avoir vu le sieur Boisgenêt… »

Boisgenêt s’indigna : « Le sieur ! »

Le juge continua sa lecture : — « …qui revenait vers le château au début même des illuminations… »

Et, s’adressant à Boisgenêt :

« Comment expliquez-vous, monsieur ? »

— En effet, dit Boisgenêt, je me rappelle. Il ne faisait pas chaud, je suis revenu prendre un manteau.

— Où ?

— Dans le vestibule. Je n’ai même pas traversé la salle à manger. Par conséquent, cet individu ne peut prétendre… »

Le mot individu vexa Ravenot au même titre que le mot sieur avait offensé Boisgenêt. Il riposta :

« Je ne prétends rien, je dis ce que j’ai vu, et c’est mon droit d’en tirer des conclusions.

— Quelles conclusions ?

— Celles-ci, monsieur, c’est que rien ne peut nous assurer que vous n’ayez pas fait le tour du château.

— Le tour du château, et pour quoi faire ?

— Je n’en sais rien. Vous avez pu escalader cette fenêtre…

— Voilà qui est raide ! Une escalade de deux mètres, moi, à mon âge !

— Votre âge ne vous gêne pas toujours ! insinua Ravenot.

— Que voulez-vous dire, malotru ? » s’écria Boisgenêt.

Ravenot se rebiffa :

« Je vous défends de m’insulter. Je dis que votre âge ne vous empêche pas, à l’occasion, de vous conduire avec les femmes comme un galopin. »

Si Ravenot n’avait été un domestique,