Page:Leblanc - Le Chapelet rouge, paru dans Le Grand Écho du Nord, 1937.djvu/83

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Jean d’Orsacq monta lentement les premières marches, comme il avait fait la veille au soir, si peu d’heures auparavant !

Mais il n’était pas à moitié de l’escalier qu’il bondit, atteignit le boudoir en quelques enjambées et disparut. Les magistrats et Boisgenêt, devinant le dénouement, se précipitèrent.

Trop tard. Une détonation retentit. Quand ils arrivèrent dans la chambre de la morte, d’Orsacq gisait sur le tapis, son revolver en main.

Quelques soubresauts. Il ne bougea plus.

Ils firent tous le signe de la croix. Bernard et Christiane s’agenouillèrent.

— Je le veillerai, cette nuit… déclara Christiane.

Son mari lui baisa le front.

— Tout ce que tu décideras, je l’approuve d’avance.

Elle ferma les yeux du mort, saisit le chapelet rouge qu’il tenait de sa main libre, et murmura :

— Je le mettrai dans son cercueil.



épilogue


Une demi-heure après, Vanol et le ménage Bresson prenaient la fuite. N’ayant pas trouvé le chauffeur, ils avaient entassé leurs bagages sur une brouette qu’ils poussèrent eux-mêmes jusqu’à la gare. Ils marchaient sans se retourner, comme des gens qui se sauvent d’un lieu ravagé par la peste et le choléra.

Vanol était dans un état de rage indescriptible, lequel, ne pouvant s’exprimer en phrases précises, se manifestait par des gestes de fureur qui signifiaient évidemment : « On n’invite pas les gens dans ces conditions-là ! Il y a des choses qui ne se font pas !… »