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Page:Leblanc - Le Prince de Jéricho, paru dans Le Journal, 1929.djvu/56

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— Ne perds pas ton temps à t’excuser, Zafiros. La suite maintenant !

— Quelle suite ?

— Le médaillon ? Vous l’avez pris ?

— Non.

— Comment non ?

— Eh ! non, c’est pourquoi Boniface fut une brute. Le médaillon n’était pas sur M. Manolsen.

— Peut-être ne l’avait-il jamais possédé ?

— Si.

— Comment le sais-tu ?

— Nous avons trouvé dans son portefeuille un reçu de la poste. Deux jours auparavant, M. Manolsen avait envoyé un paquet à sa fille, Nathalie Manolsen, Palace Hôtel, à Paris. Valeur déclarée douze mille francs. Aucun doute : c’était le médaillon.

Il y eut un assez long silence. Puis Ellen-Rock, en désignant Nathalie, dit à Zafiros :

— Tu sais qui est mademoiselle ?

Zafiros était dans un tel état de soumission et de sincérité qu’il répliqua :

— Oui, c’est Mlle Manolsen.

— J’ai en effet reçu l’envoi, dit-elle. Il était accompagné de ces quelques mots que je n’ai pas oubliés :

« Je t’expédie un vieux reliquaire. Je ne sais pas exactement ce qu’il représente et ce qu’il contient. Mais je m’en doute et si je ne me trompe pas, il aurait une valeur extraordinaire. C’est pourquoi je l’ai acheté. En attendant que je fasse des recherches, porte-le sur toi et n’en souffle mot à personne. » Deux jours plus tard, j’apprenais la mort de mon pauvre père. Je n’ai jamais quitté le bijou.

— C’est toi qui l’as volé l’autre nuit à l’auberge, n’est-ce pas ? dit Ellen-Rock à Zafiros. Connaissant par le registre le nom de Mlle Manolsen, tu t’es dit qu’après tout il se pourrait que l’objet fût à portée de ta main et qu’il ne fallait pas perdre une pareille aubaine, n’est-ce pas ?

Le Grec ne se donna pas la peine de nier. Un signe de tête et ce fut tout.

— Qu’en as-tu fait ?

— Je l’ai vendu.

La main d’Ellen-Rock se trouvant par hasard auprès du poignet déjà tordu, il se ravisa.