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LA COLOMBE APPRIVOISÉE

— Bref, un million ? dit froidement Patrice. Un million, d’accord.

Le bandit réprima un sursaut de joie cupide, presque effarée, à cette réussite soudaine et qu’il n’escomptait pas.

— Mais, pas de chèque ? des fafiots !

— Un million en billets de banque.

— Je l’aurai quand ?

— Demain, à la fin de l’après-midi. Le temps de réunir la somme.

Julot réfléchit un instant, et conclut :

— Soyez ici chez vous demain entre quatre et cinq de l’après-midi. Je vous téléphonerai l’endroit où vous devrez me rejoindre avec le fric. Mais, vous jouez franc jeu ?… sans blague ?… C’est pas un piège que vous me tendez, hein ?

Les yeux de Patrice se fixèrent sur ceux du bandit.

— Non, dit-il, ce n’est pas un piège.

— Vous le jurez ?

— Sur l’honneur, si ce mot a un sens pour vous, répliqua simplement Patrice.

Julot ne sourcilla pas. Il allait répondre quand là-bas, la porte de l’antichambre s’ouvrit sans plus de difficulté que si elle n’avait pas été fermée et qu’il n’y eût eu qu’à la pousser. Delbot, suivi de deux hommes, s’avança vite jusqu’au cabinet de travail.

— Excusez-moi, mon cher maître, dit le brigadier sur le seuil, j’ai vaguement entendu. Un chantage d’un million, peste ! et vous passez par là ? Faut-il que vous soyez inquiet ! Et qui est le maître-chanteur ? railla-t-il. Mais je le connais, il me semble…

Le bandit haussa les épaules :

— Qui je suis ? Julot, le vrai, le seul, l’unique Julot !

Delbot appela ses hommes.

— Andermatt, viens donc me ficeler ce paquet. Julot ! Enfin, nous le tenons ! On y a mis le temps, mais ça y est !

Julot repoussa violemment l’inspecteur qui déjà le saisissait :

— Un instant, monseigneur, je veux bien le cabriolet de fer. Mais je veux des compagnons… Ces deux-là…

— Maître Martyl et madame Martyl. Allons, parle ! Qu’ont-ils donc fait ?