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LA COLOMBE APPRIVOISÉE

d’acheter son silence. Sans son témoignage la police ne pourra rien contre nous.

Quelques minutes avant quatre heures, le téléphone tintant les fit sursauter.

— C’est notre homme, murmura Dominique.

— En avance ! Il est pressé de toucher, dit Patrice avec un rire sec.

Il décrocha l’appareil, eut un mouvement brusque, et d’une voix sourde :

— Ah ! c’est toi, Richard ?

Du geste, il appela Dominique pour qu’elle prît l’autre écouteur.

La voix de Richard au bout du fil répondait :

— Oui, c’est moi, Richard. Je vous téléphone de Meudon.

— Ah ! tu es à Meudon ? demanda Patrice.

— Oui, mes parents sont en voyage pour tout l’été. Ils m’ont laissé leur villa, où je suis installé depuis une huitaine avec mon valet de chambre.

— Et qu’y a-t-il de nouveau ? demanda Patrice.

— Des choses graves ! Voici : Julot, le vrai, a découvert, je ne sais comment, ma retraite. J’ai eu sa visite. Ultimatum : deux cent mille francs à lui verser avant quatre heures. À ce prix, il se taira. Alors, j’ai averti le brigadier Delbot qui le pincera, avec ses complices s’il en a, dès l’arrivée ici.

Le visage de Patrice se contracta.

— Mais tu es fou, Richard ! Il ne fallait prévenir personne. Cet homme, arrêté, parlera ! Il faut empêcher à tout prix son arrestation !

— Tu en as de bonnes, toi ! Protéger les crapules, ce n’est pas mon genre ! D’ailleurs, il est trop tard. Se défiant de moi, et aussi sans doute de ses acolytes, le sieur Julot est venu une heure plus tôt qu’il n’avait dit. Alors mon domestique et moi, nous nous sommes emparés de lui, non sans peine, nous l’avons solidement ficelé. Dans vingt minutes Delbot, à qui je viens de téléphoner, arrivera.

— Et trois minutes après, Julot nous dénoncera. Tu as bien fait de m’avertir. À tout prix il faut l’empêcher de parler. Détache-le,