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XIV

L’amant de Dominique

Le soir donc, à onze heures, elle repoussa les persiennes fermées de sa fenêtre ouverte. La nuit était chaude, calme, toute blanche de lune, toute parfumée par les fleurs des parterres, dont la senteur embaumée palpitait dans l’air immobile. Dominique, en souple déshabillé blanc, passa sur le balcon et attendit, droite, silencieuse, scrutant l’ombre du parc.

Dans cette ombre, elle vit la silhouette d’un homme glissant d’arbre en arbre, traverser en une course furtive la grande pelouse, puis se glisser le long des buissons. Elle le vit franchir l’allée entourant la maison, elle entendit le faible bruit de ses pas, au milieu des plates-bandes molles qui s’étendaient sous les fenêtres. Puis, il y eut de sourds frôlements le long du mur de façade. Dominique se pencha et vit Richard s’accrochant aux espaliers. Il atteignit le balcon peu élevé, en agrippa la balustrade de fer et l’escalada. Bientôt il prenait pied.

Le cœur de Dominique battit violemment. Soudain, cette entrevue sollicitée de Richard et qu’elle acceptait par sa présence, prit pour elle l’aspect d’un rendez-vous clandestin, criminel, adultère. Toute sa vieille honnêteté rigide de fille pieuse se révolta. Mais il n’était plus temps d’avoir des scrupules, plus temps de reculer. Richard était devant elle. En le voyant, elle sentit redoubler son malaise, son anxiété, ses doutes quant aux intentions du visiteur.