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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

La porte s’ouvrit. Le valet de chambre introduisit le policier qui s’avança dans la pièce, souriant d’un sourire ambigu.

— Bonjour, mon cher maître, c’est encore moi ! s’écria-t-il.

— Pourquoi venez-vous ici ? demanda durement Patrice au policier.

Delbot, tout de suite cabré, répondit du même ton :

— La première fois, je suis venu pour ouvrir les hostilités. Au jourd’hui, je viens pour les clore…

Il fit une pause et ajouta, provocant, presque menaçant :

« Dans un sens ou dans l’autre ! »

Patrice, assis derrière son bureau, le regarda en face et articula avec froideur :

— La première fois j’ai été patient et j’ai fait semblant de ne pas comprendre. Aujourd’hui, la situation a changé, la patience n’est plus de mise, vous la prendriez pour de la faiblesse. Au moindre mot équivoque, à la moindre allusion insolente, je prends le téléphone et je demande au Préfet de Police lui-même si c’est à titre officiel que vous faites la présente démarche.

Delbot instantanément s’adoucit.

— Mais non, mais non, mon cher maître, ce n’est pas à titre officiel que je suis ici. Mettons à titre officieux ou, mieux, personnel. Ces messieurs sont sur le point de classer définitivement l’affaire. Oui, on avait continué, en douce, à s’y intéresser. À présent, c’est la clôture… contre mon gré, je l’avoue.

— Contre votre gré ? répéta Patrice.

— Oui, mon cher maître, Romain Delbot lui, ne classe jamais définitivement une affaire, dont il a eu l’honneur de s’occuper, avant d’avoir la solution complète. Ma ténacité est à la hauteur de ma curiosité… professionnelle. C’est une faiblesse ou une force chez moi : je veux toujours savoir.

— Et… vous savez maintenant ? demanda Patrice.

— Je sais…