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III

L’enfer

Dans un même affolement, soudain hommes et femmes, brusquement s’étaient remis debout. En un nouveau tumulte, ils couraient çà et là, se heurtaient dégrisés par la peur… Ce cri… Ce cri sinistre…

— Par là-bas ! hurla un des hommes qui prit sa course vers les petites lumières assoupies dans la direction de l’auto. Deux femmes se penchaient vers le talus, vers une forme étendue et qu’on ne pouvait distinguer qu’à peine,

Dominique, cramponnée de nouveau au bras de Patrice, toute tremblante, gémit.

— C’est affreux ! Patrice, c’est affreux ! Tu as entendu ? Il faut secourir cette femme ! Courons !

Elle fit un mouvement en avant mais Patrice la retint.

— Tu es folle ! Ses amis sont là ! Partons d’ici ! Vite !

Il l’entraîna, la portant presque, lui fit en courant traverser la pelouse, atteignit son auto, ouvrit au hasard une portière. C’était celle d’arrière. Il jeta dans le fond de la voiture la jeune femme défaillante d’effroi.

Au même moment accoururent Antoine et Richard. Ce dernier, tentant de dominer son émoi, dit rapidement :

— C’est celle qu’on appelle la Pierreuse. Les deux autres la soignent. Je viens d’entendre l’une d’elles qui disait : « Ce n’est rien, une crise de nerfs. » Allons-nous-en !