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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

Delbot haussa les épaules et eut un rire sec.

— Qu’est-ce que tu chantes, mon bonhomme ? voyons, est-ce qu’il y a quelque chose qui ne regarde pas la police ? Mais oui, mon vieux, la police. Fais pas ton œil à la coque ! Brigadier Delbot de la brigade spéciale. Il y a assez longtemps que je te poursuis, bandit !

Tout en parlant, il l’examine rapidement. En fait, la blessure paraît très superficielle. L’arme a glissé sur un portefeuille dans la poche et n’a fait à la poitrine qu’une estafilade peu profonde. Tout de même, le sang coule en abondance. Le blessé pâlit encore, semble prêt à défaillir. Delbot, penché sur lui, l’interroge.

— Avant de tourner de l’œil, mon garçon, raconte-moi donc ce qu’il te voulait, ton copain ?

— J’sais pas.

— Réfléchis.

— J’sais pas.

— Oh ! tu es de la catégorie des muets ? Sois tranquille, on te fera parler !

Cependant, les trois policiers, l’oreille basse, revenaient de leur poursuite infructueuse.

— Eh bien, leur demanda Delbot. Et le bonhomme ?

Andermatt haussa les épaules.

— On ne l’a pas eu, il détalait trop vite. Quel zèbre !

— Et vous, quels empotés ! répondit aigrement Delbot. Tu sais, Andermatt, je t’aurais cru plus agile. Je t’assure que si je n’étais pas resté près de Julot, je l’aurais forcé à la course, moi, ton zèbre ! Allons, viens avec moi chercher la bagnole que tu ramèneras. Quant à vous autres, restez ici tous les deux à veiller le Julot. Et attention, hein, gare aux simagrées ! Ne le laissez pas vous filer dans les doigts !

— Soyez tranquille, chef, répondirent les hommes.

Delbot et Andermatt furent bientôt à l’auberge. Mais avant de l’atteindre, ils virent leur auto, l’auto de la Préfecture, démarrer et s’éloigner à toute vitesse.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Andermatt ahuri.

— Sacré n… de D… ! hurla Delbot blanc de rage. Ce salaud-là