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XI

Julot raconte…

Quatre jours passèrent. L’émotion causée dans le public par l’arrestation de l’homme de Marly-le-Roi, la fuite de son complice et antagoniste dans l’auto de la Préfecture, commençait à se calmer, bien que la curiosité demeurât toujours en éveil dans l’attente de nouveaux incidents, de nouveaux coups de théâtre.

Dominique et Patrice Martyl, eux, ne les prévoyaient pas avec curiosité, ces nouveaux incidents, mais avec terreur. Crispés, redoutant le pire, ils attendaient de minute en minute qu’éclatât le coup de tonnerre qui les frapperait. La Police savait la vérité, ou allait la savoir… quand ? À quelle minute les foudroierait-elle, cette infamante vérité ? Les deux infortunés se le demandaient avec une angoisse qui les brisait, qui les enfiévrait, et les amenait, soit l’un soit l’autre, sur leur balcon, se penchant pour guetter, sur le quai, la marche des autos, respirant quand elles étaient passées, s’affolant si l’une d’elles s’arrêtait à proximité de la maison. Le timbre de l’entrée, dans le vestibule, les faisait sursauter : c’était le péril, l’ennemi… Chaque sonnerie du téléphone était annonciatrice de catastrophe… Chaque lettre contenait l’inconnu de la menace. Leur tension nerveuse était si grande que par moments ils souhaitaient presque qu’elle se formulât, cette menace, que la catastrophe se réalisât pour qu’ils fussent délivrés enfin du hideux cauchemar… oui, même dans la déchéance publique et la mort.