Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

partie la plus formidable qui soit, et l’on ne sait même pas quel est l’enjeu de cette partie. La justice seule peut le découvrir, cet enjeu.

M. Desmalions laissa passer quelques secondes, puis, posant sa main sur l’épaule de Patrice, il dit calmement :

— Et si la justice le connaissait cet enjeu ?…

Patrice le regarda avec surprise :

— Quoi, vous connaîtriez ?…

— Peut-être.

— Et vous pouvez me le dire ?

— Dame ! puisque vous m’y forcez…

— Il s’agit ?…

— Oh ! pas de grand’chose ! Une bagatelle…

— Mais enfin ?…

— Un milliard.

— Un milliard ?

— Tout simplement. Un milliard dont les deux tiers, hélas ! sinon les trois quarts, sont déjà sortis de France avant la guerre. Mais les deux cent cinquante ou trois cents millions qui restent valent tout de même plus d’un milliard, et cela pour une bonne raison…

— Laquelle ?

— Ils sont en or.



VIII.

L’œuvre d’Essarès bey

Cette fois, le capitaine Belval sembla se radoucir un peu. Il entrevoyait vaguement les considérations qui obligeaient la justice à conduire la bataille avec prudence.

— Vous êtes sûr ? dit-il.

— Oui, mon capitaine. Voilà deux ans que j’ai été chargé d’étudier cette affaire et que mon enquête m’a prouvé qu’il y avait, en France, des exportations d’or vraiment inexplicables. Mais, je l’avoue, c’est depuis ma conversation avec Mme Essa-