Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/120

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insister, mais dont la publication serait désastreuse. Donc, silence.

— Mais le silence est-il possible ?

— Pourquoi pas ?

— Dame ! il y a quelques cadavres, celui du colonel Fakhi, par exemple.

— Suicide.

— Celui de ce Mustapha que vous retrouverez, ou que vous avez dû retrouver, dans le jardin Galliera.

— Fait divers.

— Celui de M. Essarès.

— Accident.

— De sorte que toutes ces manifestations de la même force criminelle resteront isolées les unes des autres ?

— Rien ne montre le lien qui les rattache les unes aux autres.

— Le public pensera peut-être le contraire.

— Le public pensera ce que nous jugerons bon qu’il pense. Nous sommes en temps de guerre.

— La presse parlera.

— La presse ne parlera pas. Nous avons la censure.

— Mais si un fait quelconque, un crime nouveau ?…

— Un crime nouveau ? Pourquoi ? L’affaire est finie, du moins en sa partie active et dramatique. Les principaux acteurs sont morts. Le rideau baisse sur l’assassinat d’Essarès bey. Quant aux comparses, Bournef et autres, avant huit jours ils seront parqués dans un camp de concentration. Nous nous trouvons en face d’un certain nombre de millions, sans propriétaire, que personne n’osera réclamer, et sur lesquels la France a le droit de mettre la main. Je m’y emploierai activement.

Patrice Belval hocha la tête.

— Reste aussi Mme Essarès, monsieur.