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Patrice donna la clef, puis se rendit auprès du mur qui bordait le quai.

— Un peu plus à droite, commanda don Luis. Encore un peu. Bien. Maintenant, attendez.

Il sortit du jardin par la ruelle, gagna le quai, et, de l’autre côté du mur, appela :

— Vous êtes là, mon capitaine ?

— Oui.

— Plantez votre branche d’arbre de façon que je la voie d’ici… À merveille !

Patrice rejoignit alors don Luis, qui traversa le quai.

Tout le long de la Seine, en contrebas, s’étendent des quais, construits sur la berge même du fleuve, et réservés au cabotage. Les péniches y abordent, déchargent leurs cargaisons, en reçoivent d’autres, et souvent restent amarrées les unes auprès des autres.

À l’endroit où Patrice et don Luis descendaient par les marches d’un escalier, le quai offrait une série de chantiers, dont l’un, celui auquel ils accédèrent, paraissait abandonné, sans doute depuis la guerre. Il y avait, parmi des matériaux inutiles, plusieurs tas de moellons et de briques, une cabane aux vitres brisées, et le soubassement d’une grue à vapeur. Une pancarte suspendue à un poteau portait cette inscription : « Chantier Berthou, construction ».

Don Luis longea le mur de soutènement, au-dessus duquel le quai formait terrasse.

Un tas de sable en occupait la moitié et l’on apercevait dans le mur, les barreaux