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— Alors ?

— C’est Grégoire qui en avait la garde. Il y a quatre millions… Ils sont dans la péniche. Nous irons ensemble et je vous compterai le premier million.

Le docteur frappa la table.

— Hein ? Qu’avez-vous dit ?

— Je dis que ces millions sont dans la péniche.

— La péniche qui est amarrée près du chantier Berthou, et dans laquelle Mme Mosgranem a été égorgée ?

— Oui, j’ai caché là quatre millions. L’un d’eux vous sera remis.

Le docteur hocha la tête et déclara :

— Non, je n’accepte pas cet argent-là en paiement !

— Pourquoi ? Vous êtes fou.

— Pourquoi ? Parce qu’on ne se paye pas avec ce qui vous appartient déjà.

— Qu’est-ce que vous dites ? s’écria Siméon avec effarement.

— Ces quatre millions m’appartiennent. Par conséquent, vous ne pouvez pas me les offrir.

Siméon haussa les épaules.

— Vous divaguez. Pour qu’ils vous appartiennent, il faudrait d’abord que vous les ayez.

— Bien entendu.

— Et vous les avez ?

— Je les ai.

— Quoi ? Expliquez-vous. Expliquez-vous, tout de suite, grinça Siméon hors de lui.

— Je m’explique. La cachette inaccessible consistait en quatre vieux Bottins hors d’usage. Le Bottin de Paris et celui des départements, chacun en deux volumes. Ces quatre volumes, creux à l’intérieur, comme évidés sous leur reliure, contenaient chacun un million.